Zurich : A propos de la panne d’électricité dans le centre-ville
On pourrait encore souligner que de tels problèmes pourraient naturellement aussi être causés volontairement. Il est amusant de constater qu’y compris le journal Tagesanzeiger nous en donne de bonnes raisons : « des voisins se retrouvent dans la rue, l’ambiance est gaie. » Le côté romantique de la lueur des bougies dans une obscurité inhabituelle est aussi évoqué. « C’est vraiment beau comme ça ». Oui, ce serait déjà une bonne raison de couper le courant de temps en temps.
Mais on peut aussi prendre en compte un autre aspect : quand toutes les caméras de surveillance, tous les systèmes de sécurité, les lumières, les portes automatiques etc. ne fonctionnent plus, beaucoup d’autres perspectives s’ouvrent encore à la tentation du lecteur. On peut bien-sûr saisir le moment simplement pour passer une soirée agréable, dans une bonne ambiance, avec un dîner aux chandelles. Mais on pourrait aussi se divertir en profitant de la perte de contrôle que la police a normalement pour des menées plus subversives.
« Les gens se sont comportés de manière impeccable » a affirmé la police municipale les jours suivants. Les gens d’ici ont donc apparemment du mal à sortir des rails de l’habitude. Cela est-il dû au fait qu’ils n’en éprouvent pas le besoin ? Je ne le leur souhaite pas… Peut-être que la raison en est plutôt que la capacité, ne serait-ce qu’à imaginer autre chose, a été atrophiée par le stupide quotidien et par les loisirs abrutissants. Une raison de plus donc, pour enlever toute énergie à cet ordre qui atrophie l’esprit et le corps et d’employer sa propre énergie pour le dépasser.
Pour cela, apprendre à cueillir l’instant ne constitue certainement pas une mauvaise base.
[Traduit de l’allemand du journal anarchiste Dissonanz n°36, Zurich 14 septembre 2016]