Le carnage et son monde

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Le carnage et son monde

 
La langue est un révélateur. Il arrive que l’on veuille dissimuler la vérité derrière un flot de paroles. Mais la langue ne ment pas. Il arrive que l’on veuille dire la vérité. Mais la langue est plus vraie que celui qui la parle. Contre la vérité de la langue, il n’y a pas de remède… Les philologues et les poètes reconnaissent la nature de la langue. Mais ils ne peuvent empêcher la langue de dire la vérité.
Victor Klemperer
 
Il a souvent été dit que la première victime des guerres, c’est le sens des mots. Dans un moment de guerre, toute parole devient propagande, derrière tout mot se cache un appel bien précis et un effet recherché, toute réflexion vise à l’élimination du sens critique de l’homme.

A quelques mètres près…

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A quelques mètres près…

Dans la nuit du 16 mars 2016, une voiture-bélier a défonce les portes d’entrée de l’Institut de Pathologie et de Génétique à Gosselies. Ensuite, les auteur(s) ont bouté le feu au véhicule à l’intérieur de l’atrium, la partie centrale du bâtiment. Le hall semble bien ravagé par le feu et la fumée épaisse s’est répandu à tous les étages du bâtiment.
 

Tout autour de toi

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Tout autour de toi

Une énorme machine s’est mise en route les 20 et 21 février à Lecce (Pouilles), à l’occasion du BTM Puglia (Business Tourism Management) pour discuter sur « Comment offrir un accueil mémorable aux entreprises du tourisme » ; c’est comme cela qu’on entend transformer le Salento et les Pouilles : un parc d’attraction ouvert toute l’année, mais seulement à ceux qui peuvent se le permettre. A des personnes en provenance de partout dans le monde et liées par une caractéristique fondamentale : avoir un portefeuille suffisamment bien rempli.

Sarcogyps

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Sarcogyps

« Le coup d’Etat de Juin, ce vampire anonyme,
En vous, tribuns, en vous, bourgeois, s’est incarné,
Et Décembre n’en est que l’enfant légitime.
Ex-bravi de l’autorité,
Frappez-vous la poitrine, et, devant cette bière,
Qu‘amendant le passé, le présent vous éclaire.
Il n’est qu’un talisman pour tous : la liberté ! »
Joseph Déjacque
 
C’est le 24 juin 1852 que l’anarchiste Joseph Déjacque prononça ces mots. La triste occasion lui en fut donnée par l’enterrement de Goujon, compagnon de lutte et d’exil, mort quelques jours plutôt à Londres. Ses funérailles furent suivies par tous les proscrits français présents dans la capitale anglaise, parmi lesquels se détachaient les ex-chefs de la révolution de 1848.

De l’incompatibilité

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De l’incompatibilité

S’il est sans doute souvent plus confortable de se taire, certaines silences peuvent aussi devenir insupportables. C’est pour cela que malgré tout, nous avons préféré de prendre la parole.
Comme vous, nous avons vu qu’il y a trois initiatives dans trois différentes villes italiennes où quelques compagnons de Bruxelles viendront parler sur la lutte contre la maxi-prison. S’il s’agit d’une lutte spécifique dans un espace déterminé, il est vrai que la question peut possiblement concerner tous les anarchistes et d’autres révoltés, aussi au-délà des frontières étatiques. Depuis le début de cette lutte, il y a eu en effet des anarchistes d’un peu partout qui s’y sont intéressés, qui l’ont défendu, qui y ont participé de différentes manières. Cela n’est pas juste une petite chose en plus, cette dimension internationaliste s’est vraiment enracinée dans la projectualité même de cette lutte. Et au-délà du fait si le conflit se déroule autour de la construction d’une maxi-prison, d’un aéroport, d’une mine d’or ou si c’est une révolte qui vient enflammer les rues des métropoles ou les sentiers des campagnes, c’est la question de la projectualité insurrectionelle qui pourrait être au coeur des échanges entre compagnons, et cela à un niveau international.
Pour autant que cela nous réjouit que des compagnons d’ailleurs organisent des initiatives pour discuter sur cette lutte, que des compagnons impliqués dans la lutte prennent le temps pour voyager et porter le débat bien loin de la capitale belge, il y a quelque chose d’amer qui nous est resté dans la gorge. Et on écrit cette lettre pour en parler.

Acte de révolte, bien privé ?

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Acte de révolte, bien privé ?

Certes, jusqu’au dernier millénaire, les choses étaient plus simples. Face à un acte de révolte, les uns condamnaient et prenaient publiquement leurs distances, les autres mettaient la tête dans le sable et faisaient mine de rien, et les derniers le défendaient ouvertement. On ne parle pas ici des revendications diffusées par les auteurs de ces actes. On parle de tous ceux qui exprimaient publiquement leur propre approbation, leur propre appui, leur propre solidarité avec ces actions. Prendre la défense de la révolte, lui donner toute les raisons, en exprimer toutes les passions ne devrait-il pas tenir à cœur de tout subversif ? Et prendre cette liberté de pensée et de parole ne devrait-il pas être le minimum à faire ?

A petits pas

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A petits pas

Il était une fois, il y a longtemps, la liberté de penser. Bien que souvent absente dans les faits, elle était présente un peu partout dans les mots, les théories, les discours. Il suffisait de l’évoquer pour déclencher l’approbation qui accompagne depuis toujours les lieux communs, et il était en effet très facile de tomber sur quelque homme de pouvoir prêt à assurer que chacun est libre de croire et de penser ce qu’il veut.
 

Quel pain mangeons-nous ?

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Quel pain mangeons-nous ?

On sait bien que c’est un intermède terminologique bête et inutile, mais bon. Plus le temps passe, et plus on est forcé de s’interroger sur le sens d’un petit mot de huit lettres dont on fait un usage désinvolte, surtout ici en Italie : compagnon. Il semble qu’il provienne du latin médiéval « companio », composé de la préposition « cum » et du substantif « panis ». Un compagnon est celui qui mange le même pain, presque un convive intime ou en tout cas celui qui participe au même repas.

Il s’agit d’un terme devenu gênant, sinon suspect, depuis un certain temps, au moins dans les milieux subversifs. Depuis que s’est diffusée la manie des bouffes populaires, où on peut trouver quasi n’importe qui autour de la même tablée, ce mot a pris un visage indubitablement nauséabond.

Détruire l’Etat

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Détruire l’Etat

Ariel Fatiman

Quatre ans après le déclenchement des insurrections de 2011, la critique de l’Etat reste le fer de lance des offensives armées des insurgés libyens, syriens et yéménites. Les opérations militaires occidentales en sont la preuve la plus flagrante. Cette répression appuyée par des « libéraux », « démocrates » et autres « laïcistes » témoigne aussi de la longue agonie des démocraties occidentales. Il est temps qu’à la critique des armes des insurgés répondent comme un hommage et un encouragement les armes de la critique.

En avant les luttes pour la liberté

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On ne reculera pas : en avant les luttes pour la liberté

A propos des sabotages des TGV et d’une caserne militaire
 
Quand les ténèbres enveloppent les quartiers, plongeant la ville dans un état de siège comme suprême affirmation du pouvoir de l’État et de son idéologie, il est facile de s’affaisser dans la résignation totale. Quand claironnent les trompettes de la guerre et du massacre, écrasant les luttes pour la liberté pour faire place à la seule bagarre entre deux pouvoirs qui cherchent à s’imposer, il est facile de croire que tout est perdu. Quand les bombardements médiatiques martèlent le message de l’ordre, poussant dans la marge tout cri de refus et de rejet, il est facile d’arrêter de penser par soi-même et de se laisser entraîner par le courant ensanglanté.

Et pourtant… Cette dernière semaine, l’État a cherché une adhésion totale à ses valeurs, menaçant tous ceux qui ne s’y plieraient pas, d’une répression brutale.

Distr(a)ctions

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Distr(a)ctions

« L’inconscient se venge la nuit. »
Louis Scutenaire
 
Bruxelles, la capitale de l’Europe, est une ville sous état de siège. Les soldats —mitraillettes en joue et doigt sur la gâchette— y patrouillent jour et nuit.
A partir de maintenant, quiconque est animé de mauvaises intentions, et pas seulement celles qui exhortent à la guerre sainte, doit apprendre à marcher dans les rues en rasant les murs et la tête baissée. La vie du centre de ce pays, qui est aussi celui du centre politique du vieux continent, doit s’écouler de manière tranquille, normalisée, pacifiée. C’est le but de toute surveillance, le sens même de la paix sociale : rien ne doit se passer.

Du dawa partout contre la maxi-prison !

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Du dawa partout contre la maxi-prison !

A l’heure du début des travaux, l’Etat reste toujours bien décidé à réaliser son projet de maxi-prison. Il agite le spectre de la répression contre celles et ceux qui luttent. Il faut bien qu’il défende cet investissement gigantesque, faisant partie d’un plan plus grand encore d’une dizaine de nouvelles taules.
Son objectif est clair : enfermer toujours plus de gens pour toujours plus longtemps.
 

Larmes sélectives

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Larmes sélectives

Beaucoup de monde est descendu dans la rue, dimanche 15 novembre, pour exprimer sa solidarité avec la France, choqués par la furie terroriste des fondamentalistes islamistes, et Lecce n’a pas fait exception, avec plusieurs centaines de personnes lors d’une manifestation organisée par le PD (Parti démocrate, au pouvoir), la plupart des syndicats et des conseils municipaux. Entourés de gens sensibles, les organisateurs n’auront pas manqué de condamner le massacre et de s’émouvoir sur les victimes, ce qui aurait pu être digne, si ce n’est qu’ils avaient perdu de vue quelque chose : que pour eux, les morts ne sont pas tous égaux.

Tous en guerre

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Tous en guerre

En 1997, l’industrie cinématographique hollywoodienne accoucha d’un film dans lequel était imaginé le projet d’un énorme attentat terroriste à New York, une vengeance suite aux morts d’êtres chers survenus au cours d’une des nombreuses guerres civiles fomentées par des gouvernements occidentaux (et dans ce cas en Bosnie). Il s’agissait d’un film fait pour les boutiques de DVD, rien de spécial, et qui serait vite tombé dans l’oubli s’il n’y avait pas eu les événements de septembre quatre ans plus tard. Après coup, ce film n’a pas manqué d’attirer l’attention de certains. Et non sans raison. On y trouvait en effet une scène où l’auteur de l’attentat expliquait avec clarté les motifs qui l’avaient poussé, lui, homme mûr et cultivé, à accomplir un tel geste. Voilà donc, bien que gravées sur la pellicule du spectacle, ces raisons qui n’avaient rien de cinématographique. Au contraire, il était facile d’imaginer qu’elles battaient dans la poitrine de dizaines et centaines de milliers d’être humains en chair et en os à travers le monde.

Ni de leur Guerre, Ni de leur Paix !

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Ni de leur Guerre, Ni de leur Paix !

« Nous devons anéantir les ennemis de la République... et déchoir de la nationalité ceux qui bafouent ce qu’est l’âme française »
Manuels Valls, Premier ministre
14 novembre 2015
 
S’il faut reconnaître une certaine continuité à la République française, c’est bien celle des assassinats de masse. De la Terreur d’Etat de 1793-94 qui a justement donné naissance au mot terrorisme jusqu’à l’écrasement des insurgés de 1848 et de ceux de la Commune de 1871 ; de la colonisation ou la déportation des Juifs permise par des fichiers antérieurs jusqu’aux massacres de manifestants algériens en 1961 en plein coeur de Paris, toutes les Républiques françaises ont massacré sans compter pour que des puissants continuent de dominer et d’exploiter tout le monde. La République française est une montagne de cadavres dont l’ordure qui en constitue le sommet n’a pu se maintenir en place qu’en écrasant ses véritables ennemis, les révoltés et les révolutionnaires qui se sont battus pour un monde de justice et de liberté. L’ « âme française », si cette connerie sans nom pouvait jamais exister, serait un placard bourré à craquer de voix criant vengeance contre les bourgeois, les politiciens, les flics, les militaires et les curés qui les ont piétinées pour asseoir leur pouvoir.

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